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“Près de 46 % des Français vont au parc se relaxer et voir le fleurissement !”

Maurice Canaux, directeur du service des espaces verts d'Aix-les-Bains : « Nous avons voulu concevoir nos massifs comme des jardins. Même certains terre-pleins centraux disposent d'une allée au milieu, qui permet d'y pénétrer. »PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Sous la direction de Maurice Canaux, le service des espaces verts d'Aix-les-Bains (73) cherche à diversifier son fleurissement et à lui donner de l'originalité malgré les contraintes qui pèsent sur le budget de la ville. Cette dernière a épaté le jury national, qui lui a rendu visite cette année, en mettant en scène les résultats d'études qui montrent le goût du grand public pour les jardins.

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Depuis de nombreuses années, l'Unep (Union nationale des entrepreneurs du paysage) demande à l'institut Ipsos d'analyser la perception des jardins et végétaux par le grand public. Sont nées de ces commandes des études et une batterie de repères : « 7 Français sur 10 considèrent les espaces verts comme un critère décisif dans le choix de leur lieu d'habitation », « 11 % des Français rêvent d'avoir un jardin botanique avec une collection de plantes et plus de 9 sur 10 estiment que le contact avec des végétaux est important, voire essentiel, dans leur vie quotidienne », ou « 46 % des Français vont au parc pour se relaxer et se détendre [...] ». « Et pour voir le fleurissement », complète Maurice Canaux, directeur du service des espaces verts d'Aix-les-Bains. L'objectif de ces enquêtes est de favoriser le travail de lobbying de la filière auprès des décideurs sur le thème « Les Français le demandent, vous devez tout faire pour favoriser ces démarches ». Nous nous en faisons l'écho lorsque ces sondages sont publiés, mais au-delà de ces informations entre professionnels et de quelques lignes dans de rares journaux grand public, qui a connaissance de ces repères ? Pas grand monde. Sauf, depuis cet été, à Aix-les-Bains : le service des espaces verts a eu l'idée d'en valoriser plusieurs dans ses massifs. L'initiative a particulièrement plu au jury national délégué par le CNVVF (Conseil national des villes et villages fleuris) : celui-ci a renouvelé la quatrième fleur que la ville détient depuis 1974 (elle a aussi reçu le Grand Prix en 1989 et 1991, le Grand Prix européen en 1992 et la Fleur d'Or en 2011).

Les plantes, des usines à bienfaits pour l'homme.

La démarche du service des espaces verts s'est appuyée sur un constat : les études sur les relations entre les végétaux et le cadre de vie démontrent les bénéfices incontestables de la présence de la verdure en ville. Les plantes prennent naturellement soin de notre environnement, donc de nous-mêmes. Leurs apports sont classés en cinq catégories : la santé physique, la santé mentale, le social, l'économique et l'écologie. « C'est par le biais de la mise en scène florale que le service des parcs et jardins a choisi d'illustrer ces études », explique Maurice Canaux. Une dizaine de panneaux ont ainsi été répartis dans les parcs et jardins de la ville pour rappeler à quel point la direction des espaces verts affirme sa volonté de répondre aux attentes des habitants et visiteurs. Chacun reprend une affirmation issue d'une enquête (voir l'encadré), accompagnée d'une photo d'un espace vert et parfois d'un photomontage de personnages mis en scène. Afin de donner au tout un aspect ludique pour les enfants, un petit chien, caché sur chaque panneau, doit être retrouvé.

Faire aussi joli avec moins de moyens.

Longtemps très classique, le fleurissement de la cité savoyarde a profondément évolué ces dernières années. « Nous avons travaillé sur la couleur », explique Maurice Canaux, qui a pris la tête du service des espaces verts en 2006. « Le but était de trouver de meilleures harmonies dans les massifs fleuris. Nous avons également voulu les concevoir comme des jardins. Même sur des terre-pleins centraux, nous avons aménagé une allée au milieu qui permet de pénétrer dans l'espace. Mais le fait le plus marquant aura sans doute été l'introduction des vivaces, avec la diminution de la production d'annuelles de 350 000 à 220 000. Les massifs sont réalisés en mélange pour leur conférer un maximum de couleur. »

Comme partout ailleurs, la ville doit faire face à des budgets de plus en plus serrés, « en particulier depuis deux ou trois ans ». Elle cherche donc à faire des économies là où c'est possible. « Notre objectif est de faire aussi joli avec moins de moyens, moins d'interventions, moins d'intrants... Nous avons introduit de grandes quantités de bulbes dans le but qu'ils se naturalisent et nous sélectionnons le plus souvent possible des plantes 'chameaux' qui se contentent de peu. Et surtout, nous avons choisi d'installer de plus petits végétaux, à une densité plus faible. Nous évitons ainsi un rempotage et gagnons un temps précieux », explique Maurice Canaux. Résultat, les annuelles, plantées plus petites, sont plus autonomes, elles vont puiser plus profond dans le sol et résistent bien à la diminution des intrants. De plus, les plantations sont réalisées sur un mois et demi à deux mois, ce qui permet d'étaler la production sur deux à trois séries. Les jardinières n'échappent pas à ce traitement, avec une plantation directement en micromottes là où auparavant les plantes étaient installées en godets de 9 ou de 13.

Une démarche sur l'ensemble de la ville.

En contrepartie, il a fallu changer le regard à la fois des agents du service et des habitants, car les massifs ne sont plus plantés fleuris, mais verts : « On m'a demandé une fois si le thème que j'avais choisi pour le fleurissement était les épinards », s'amuse le directeur du service. Montée en force des feuillages colorés au détriment des fleurs, recherche d'un aspect plus vaporeux avec des Echinacea et des graminées, recherche de plantes capables de s'installer sur le moyen terme, comme les gauras, hémérocalles, fétuques ou Pennisetum, font aussi partie des autres recettes ayant permis de proposer des espaces verts et un beau cadre de vie avec un budget réduit. Sans compter les aspects techniques, comme le paillage : « Nous privilégions les paillages minéraux pour pouvoir désherber au thermique si besoin », précise Maurice Canaux. Ce travail s'est accompagné d'une démarche d'aménagement sur l'ensemble de l'agglomération. « Nous avons repensé les entrées de ville en proposant des taches de différentes couleurs en alternance et nous avons généralisé la végétalisation des pieds d'arbres. Enfin, nous avons ramené le végétal dans certaines rues, en y plantant soit des arbres, soit des bandes fleuries. Avec toujours en tête une idée, la bonne plante au bon endroit, pour répondre au mieux aux exigences de l'environnement et de l'urbanisme, tout en embellissant la cité. » Le pari est réussi pour l'instant, selon le CNVVF !

Pascal Fayolle

Les jardinières sont plantées directement en micromotte là où auparavant les plantes étaient installées en godets de 9 ou de 13. Objectif : faire des économies.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Aix-les-Bains a eu l'idée de valoriser au cours de cet été plusieurs statistiques issues des enquêtes Ipsos pour l'Unep – les entreprises du paysage – dans ses massifs fleuris.

PHOTO : AIX-LES-BAINS

Le service des espaces verts s'est appuyé sur un constat : les études sur les relations entre végétaux et cadre de vie démontrent les bénéfices incontestables de la présence de la verdure en ville.

PHOTO : AIX-LES-BAINS

Ville 4 fleurs depuis 1974, plusieurs fois Grand Prix et Grand Prix européen en 1992, Aix-les-Bains a profondément fait évoluer son fleurissement.

PHOTO : AIX-LES-BAINS

Bandes fleuries ou arbres sont revenus dans certaines rues. Il n'y a pas si longtemps, cet emplacement de massif était imperméabilisé.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

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